TPI Magazine: L’incroyable scène du Drones Tour

Muse : TPI Magazine

L’équipe de TPI magazine est allée à Londres lors du Drones world Tour et a étudié la scène de Muse. Traduction et Synthèse.

Nous sommes heureux de voir que malgré la façon dont se consomme la musique en 2016, certains groupes ont encore le courage de faire des albums concept. Le Drones Tour a commencé en 2015 au Mexique et a conquis le monde entier, avec une scène qui a époustouflé les fans. La production inclus de la vidéo interactive avec le groupe, une scène centrale à 360°, un jeu de lumière monumental et 12 drones qui flottent. Il est clair que Muse ont créé là une scène dont on se souviendra.

L’équipe de TPI est venue voir la scène le 12 avril à Londres et il leur est difficile d’imaginer qu’une structure si complexe s’est imaginée lors d’une simple discussion entre Matt Bellamy et Glen Rowe.

Le nom de l’album et la scène 360° déja dans la tête de Matt en 2013

Glen : « Matt connaissait déjà le nom de l’album sans même avoir écrit un seul texte ou une seule note de musique. On était à Abu Dhabi en 2013 pour un concert et on était assis avec Matt et soudain il a dit « je veux faire un album concept basé autour d’un seul mot ». Et dans notre conversation, le mot Drones est apparu. Le mot drones a beaucoup de signification. Ça peut être un bruit, une abeille, une machine à tuer. Matt en a ensuite parlé à Chris et Dom à qui l’idée a beaucoup plu. Ils ont également ajouté leur touche à cette signification du mot drone.

En 2013 déjà, Matt commençait à dessiner une scène centrale avec des Drones qui volent tout autour. C’est ensuite en discutant avec Oli Metcalfe que Matt a réussi à mettre son idée en œuvre.

Glen affirme que ce concert est plus une performance artistique qu’un simple concert de rock. Glen les a avertis que ce genre de configuration n’amènerait pas beaucoup de mouvements de foules, mosh-pit dans le public. Cependant Matt était prêt à prendre ce risque.
Le groupe a facilement pris goût à la scène centrale. Matt et Chris peuvent se déplacer ou ils veulent et au fur et à mesure, ils se sont approprié la scène. Le plus compliqué c’est pour les membres du staff qui gère cette structure. Mais quand Glen voit tous ces gens bouche ouverte devant la scène, il est plus que satisfait.

Le chef de production de cette tournée est Chris Kansy qui avait déjà travaillé avec le groupe lors de la tournée des stades en 2013. Chris a été très honoré de pouvoir travailler sur cette scène. Il a décidé de travailler « en famille » avec les gens qui travaillent avec le groupe depuis très longtemps mais aussi avec des fournisseurs que le groupe connait bien. Cela a selon lui beaucoup facilité la tâche.

Concevoir la scène

L’idée principale de Matt était de pouvoir jouer devant le plus de monde possible.  Il visualisait un ring de boxe au milieu d’une foule en délire. L’idée de la scène centrale en 360 est alors apparue. Cette scène a notamment battu un record d’affluence à l’O2 arena de Londres avec plus de 21.000 spectateurs  par soir.

Une fois sortie des dessins de Matt, c’est Oli metcalfe qui a créé la scène. Oli appelle cette scène la « station spaciale » car c’est une structure géante qui flotte au-dessus du centre. Cette structure est surtout composée d’écran géants et de projecteurs de lumières, sans oublier les drones que l’équipe appelle les HFO (Hélium filled object /Objets remplis d’Hélium).

C’est la société « Brillant Stages » qui s’est collé à la tache de réaliser cette scène. Le plus compliqué pour eux a été le poids de la structure accrochée au plafond. Il fallait que tout tienne dans un seul et même espace central juste au-dessus de la scène principale. Tout était dans cette structure, l’audio, la vidéo et les écrans géants.

Pour la scène au sol, Muse ont fait appel à leur vieux amis de TAIT. Il leur a fallu se concentrer à la fois sur le côté rotatif de la scène et sur les jeux de lumière sur celle-ci. Les jeux de lumière partent du centre de la scène et suivent la vitesse de rotation. Le plus complexe la dedans est de faire coïncider les jeux de lumière et cette rotation. En effet il faut savoir que la scène varie entre 2 tours par minutes et 1 tour par heure.

La scène au sol est également composée de 2 ailes au sol qu’on a nommés l’aile nord et l’aile sud. Chaque aile est composée d’un ascenseur assez solide pour amener des instruments au groupe et pour faire monter le groupe lui-même au début du concert. Sous la scène, un petit monde composé d’une 15aine de personnes se démène pour mener chaque show du mieux possible. TAIT à tout fait pour mener au mieux la configuration de la scène selon la vision d’Oli et Matt.

TAIT est très rigoureux sur la sécurité des scènes qu’ils construisent. Le plus dangereux avec cette scène c’est qu’elle tourne et que des gens sont en dessous. La société a donc décidé de former tous les opérateurs début octobre 2015 pour leur sécurité sous la scène.

La Construction

C’est Paul English qui travaille depuis 15 ans avec le groupe qui est le manager de construction de la scène pour chaque concert. Il a vu la folie des grandeurs de Muse s’accentuer avec le temps. Il affirme que démonter cette scène prenait beaucoup de temps au début de la tournée et qu’elle nécessitait 25 camions pour le transport. En cette fin de tournée, ils sont habitués et mettent beaucoup moins de temps. Ils ont tout de même décidé d’ajouter 5 camions de plus lors de la tournée européenne pour plus de confort. Pour la tournée des festivals de cet été il n’en restera plus que 4.

Pour cette scène, il fallait commencer à la monter à 3 heures du matin la veille des concerts. Il fallait faire des marques sur les sols et plafonds de chaque salle avant de déballer tout le matériel. Il fallait également prendre en compte la diversité de chaque salle.  Il fallait que le toit des salles supporte les 57 tonnes de la scène et puissent accueillir les drones.  Ils ont parfois du alléger la scène ou réduire le nombre de drones.

La configuration des salles obligeait aussi parfois à procéder différemment pour le montage de la scène, ce qui fut parfois un vrai challenge pour les techniciens. De même pour la conception de barrières de sécurité de la scène. Celle-ci n’ayant pas une forme linéaire, il a fallu assembler 300 morceaux de barrières pour sécuriser la scène. Il fallait également que les barrières soient assez modulables pour laisser passer le groupe et les câbles de la scène et ceux selon la configuration de chaque salle.

Les lumières

Les lumières sont gérés entièrement par Oli Metcalfe, il a même monté sa propre entreprise qui lui permet d’avoir son propre matériel qu’il a conçu pour les concerts. Il travaille avec l’entreprise Neg Earth light qui lui fournit le matériel. Oli explique qu’il y a 48 projecteurs en tout. 8 sont sur le sol et le reste sont sur la structure flottante.

Oli nous explique que la grosse nouveauté de cette tournée sont les « blacktrax cameras ». Ce sont des caméras qui permettent de diriger la lumière d’un projecteur face à un émetteur. Ainsi la lumière suit par exemple le groupe. En effet Oli a placé 4 émetteurs sur chaque membre du groupe afin que la caméra et la lumière puissent les tracker. Ce système a également été utilisé sur les drones et sur le drone noir lors de « the globalist »

La vidéo

Les visuels de Tom Kirk sont diffusés sur 2 grands voiles de chaque côté de la scène. Les voiles diffusent l’image des 2 côtés de la scène et sont aussi réceptif au système de tracker dont parlait Oli auparavant. Il fallait aussi que les voiles soit assez transparent pour qu’on puisse voir le groupe mais aussi assez épais pour que l’on puisse voir les visuels. Il a fallu 3 mois pour concevoir ces écrans-voiles.

Tom Kirk est le directeur de la vidéo de Muse, il a commencé à travailler avec eux lors d’Origin of Symmetry et son premier vrai projet fut Hullabaloo ou il déclare avoir travaillé avec un matériel très vieux et obsolète.

Pour cette tournée Tom explique que le principal challenge était de couvrir toute la scène. Il fallait ne manquer aucune action du rond central, et être prêts à suivre Chris et Matt sur chaque aile de la scène.

Pour la première fois Tom a travaillé avec une entreprise pour créer ses visuels : Moment Factory.
Matt a décidé des visuels qu’il voulait pour cette tournée et notamment il voulait créer une narration. Il a choisi d’y impliquer un personnage appelé le « dictateur ». Ce dictateur est joué par Elle Evans, sa petite amie.
Tom et Oli expliquent que les visuels de The Handler, ils ont utilisés le système de Blacktrax qui tracke les membres du groupe. Les mains elles, ont été préenregistrées sur vidéo.

Oli revient aussi sur un petit changement sur la communication entre techniciens pendant les concerts. Avant ils utilisaient les fréquences du groupe sur scène et cela pouvait interférer avec le retour de Matt. Ils ont donc investi depuis la tournée des festivals de 2015, dans un nouveau système unique qui permet aux techniciens d’utiliser leur propre fréquence, indépendante de celle du groupe.

Le son

C’est Marc Carolan qui s’occupe du son dans la salle depuis le second album de Muse.  Pour cette scène, il affirme que c’est plus compliqué d’obtenir un son homogène dans toute la salle. Cependant quand Oli lui a parlé de cette scène en 360, il avoue avoir été prêt depuis longtemps car il se doutait qu’un jour ou l’autre Matt voudrait une scène en 360. Il a donc anticipé et a regardé le système qu’utilisait U2.

Micro et moniteurs

Adam Taylor qui s’occupe des moniteurs audio et micro du groupe travaille sous la scène pendant tout le concert. Il explique que peu de groupe ont assez confiance en leur moniteur manager pour le laisser travailler hors de leur vue. Mais c’est le cas de Muse.
Adam explique qu’il ajoute 2 effets sur le micro de Matt dont un qui n’est pas conventionnel et qui est d’habitude utilisé pour le son des guitares. Il explique que ce dernier est utilisé pendant Psycho car sans cet effet, la chanson serait un réel bordel.
Marc Carolan et Adam ont également eu beaucoup peur quand ils ont réalisé que beaucoup de micros serait sur scène et qu’il fallait pouvoir les contrôler tous.

La vie en tournée

Même si Muse jouent parfois plusieurs shows d’affilés dans une même salle, les 67 membres de l’équipe technique ont à leur disposition 5 bus Phoenix pour se déplacer et le groupe en a aussi 1 en cas de besoin.

Le groupe et l’équipe ont leur propre chef cuisinier Peter Bailey. C’est la première fois qu’il part en tournée avec le groupe autour du monde.

Conclusion

Matt avait déclaré vouloir revenir à un show plus basique avec un rock très basique pour cet album. C’est assez paradoxal quand on voit que le groupe a utilisé un matériel à la pointe de la technologie pour cette tournée.
Cela fait donc plus d’un an que le groupe a commencé la tournée de cet album. Le drone world tour s’achève très bientôt et il sera intéressant de voir ce qu’il restera de cette technologie lors de la tournée des festivals de cet été 2016.